Au XXᵉ siècle, le quartier du Vernet à Perpignan s’est profondément transformé sous l’effet de l’industrialisation. Grâce à sa proximité avec la Têt et les axes ferroviaires, il est rapidement devenu un pôle attractif pour de nombreuses entreprises industrielles et artisanales, attirant une main-d’œuvre nombreuse et diversifiée.

Plusieurs grandes industries se sont installées dans le quartier, notamment dans les secteurs de la métallurgie, du textile et de l’agroalimentaire. Parmi les plus emblématiques, on peut citer :

• Maille de Girvès, spécialisée dans la fabrication de vernis, installée entre 1925 et 1942.
• Ferronnerie d’Art A. Quinta, active en 1958, qui fabriquait des éléments métalliques pour l’architecture locale (portes, balcons, grilles).
• Ets A. Ausiro, entreprise de 1965 spécialisée dans la fabrication d’enseignes en métal et en plexiglas.

Leur développement a nécessité la construction de cités ouvrières et d’un tissu urbain adapté aux travailleurs et à leurs familles. La structure sociale du Vernet s’est alors organisée autour d’une forte identité ouvrière, marquée par la solidarité et les luttes sociales.

Dans les années 1950-1970, de grandes grèves et mobilisations syndicales ont secoué le quartier. Des ouvriers de la métallurgie et du textile ont joué un rôle central dans les revendications pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires. Le Vernet est ainsi devenu un foyer de la contestation sociale.

Aujourd’hui, bien que les industries aient largement décliné, le passé industriel du quartier reste perceptible à travers plusieurs vestiges architecturaux. En arpentant l’avenue Maréchal Joffre, on peut encore distinguer des inscriptions peintes sur les murs d’anciens bâtiments de négoce agricole. Près des berges de la Têt, l’ancienne zone industrielle conserve des structures métalliques rouillées et des bâtiments réhabilités, témoins d’une époque où le bruit des machines et des convois rythmait le quotidien du quartier.

Source : Lise Raivard